Nous quittons Vigan à 7h du matin. Il nous faudra une bonne dose de patience car 11 heures seront nécessaires pour rejoindre Sagada située à seulement 235km, via 4 moyens de transport différents. Le magnifique paysage vers lequel nous nous dirigeons, fait rapidement oublier l’inconfort des sièges fatigués dans les mini-vans surchargés. La route de montagne qui s’enfonce au cœur de l’île de Luzon est sinueuse, au bord de ravins vertigineux, et parfois de grosses pierres sur le bas côté nous font craindre un éboulement. Elle longe également une rivière asséchée en cette saison, dont le lit est constitué de rochers de toutes tailles. Les plus gros mesurant plusieurs mètres, semblent avoir résisté à l’inévitable érosion du cours d’eau. En prenant de l’altitude la température chute brutalement et nous découvrons alors sur les sommets, de grandes forêts de pins, nappées de brume. Lorsque nous arrivons à Sagada, un crachin breton arrose le village. Nous avions repéré à l’avance notre guesthouse, le Treasure Rock Inn, une charmante pension excentrée tenue par Joan, offrant des chambres simples tout en bois type chalet savoyard. Le lieu porte bien son nom ! Un simple panneau en bord de route indique la présence de l’établissement, bien caché derrière une petite colline. Un chemin de terre boueux et des escaliers taillés dans la roche humide et glissante permettent de se rendre sur place. L’accueil est très chaleureux, nous y faisons la connaissance de la famille gérante, ainsi que celle de Monina, une touriste philippine de Manille avec qui nous partagerons les prochains jours.

Le lendemain, un rapide passage à l’office de tourisme nous permet d’effectuer l’enregistrement obligatoire et également payer la taxe environnementale de 0,75 euros. Nous partons ensuite explorer le village. Les portions de route droites et plates sont quasi inexistantes dans la région et le trajet jusqu’au centre-ville de Sagada constitue à lui seul une ascension, mettant à l’épreuve nos quadriceps. La configuration du village est très simple : deux routes principales qui forment un « T » et dont les extrémités s’en vont zigzaguer dans les montagnes environnantes.  Les constructions sont très typiques et parmi la multitude de couleur utilisées, des nuances de vert et bleu turquoise viennent souvent et délicatement contraster avec le gris des tôles, qui recouvrent la plupart des façades. Le métal protégeant les structures en bois des fortes intempéries, réchauffe également les intérieurs en absorbant la chaleur du soleil. Joan notre hôte est également guide et nous la suivons pour la journée, à la découverte de l’Echo Valley. Le lieu est célèbre pour ses cercueils suspendus, certains vieux de plusieurs siècles. La volonté des défunts est de rester proche de la montagne, à l’air libre et plus près du ciel.  Les plus petits contiennent des corps en position fœtale, après avoir été placés sur des chaises fixées à la roche lors des cérémonies d’obsèques. Certains cercueils se trouvent dans des petites grottes, notamment celui de son oncle, elle nous montre même la cavité dans laquelle elle espère reposer. L’ambiance pourrait être angoissante ou dérangeante mais les explications de Joan et la magie du lieu nous émerveille autant qu’il nous étonne.

Ce soir là nous faisons la connaissance de 2 autres citadines Philippines avec qui nous décidons de partir le lendemain à la conquête de la montagne Marlboro, un trek en compagnie de Joan bien sur. La balade durera 5h entre ascension et descente, à travers des paysages envoutants, noyés dans la brume. Les cinq derniers kilomètres se faisant sur route, nous ferons la fin du parcours, épuisés, dans la benne d’un camion.

Monina nous entraine dans toutes ses excursions, avec une forme et une soif de découverte hors du commun. Quand le jour de son départ arrive, nous sommes tous très émus et nous nous promettons de nous retrouver à Manille. La semaine passe à une vitesse folle, nous tissons des liens avec la famille, les voyageurs défilent et nous partageons de belles soirées. Nous avons trouvé notre NongKhiaw des Philippines, et nous comptons  y rester un bon moment !

Il nous faut néanmoins quitter notre cocon pour quelques jours, un A/R au bureau d’immigration le plus proche, Baguio, à 6 heures de bus. Nous en profitons pour nous arrêter à Bontoc, de là, à quelques kilomètres nous attendent les rizières en terrasse de Malingcong. Dans le Jeepney qui nous y conduit nous faisons la connaissance d’Anaïs et Fred, deux Nantais (encore !). L’alchimie est instantanée et nous décidons de partager la même Guesthouse ainsi que les services d’un guide pour l’après-midi. Il nous conduit à un sommet d’où la vue sur les rizières en contre-bas est époustouflante ! La montée est ardue mais elle en vaut la peine. Nous redescendons par les rizières, que nous longeons jusqu’au prochain village. Le chemin, large d’une dizaine de centimètres est en terre, glissant et plein d’obstacles. Nous sommes les seuls touristes aux alentours, nous faisons durer la balade. Noel notre guide est une mine d’information sur la culture du riz et les coutumes locales. Nous en profitons pour visiter l’école du village, c’est la fin de journée, les enfants nettoient à tour de rôle leurs classes, partagent quelques mots d’anglais avec nous, quelques photos et rentrent chez eux en zigzagant entre les rizières. De retour, des étoiles plein les yeux, Suzette notre hôte nous prépare un plat traditionnel pour le diner. La nuit est glaciale et le petit matin pluvieux. Nous suivons nos nouveaux amis à Bontoc pour une journée de shopping au marché local, massage et soirée de Saint Valentin. Cette dernière restera graver dans nos mémoires pour longtemps ! Elle commence par quelques verres dans le bar le plus animé de la ville, suivis d’un repas dans un restaurant local, de quelques chansons au Karaoké, d’un concert dans un bar bondé mais se termine par une nuit au commissariat après le vol du portable de Greg. L’affaire est prise très au sérieux, nous avons du mal à cacher notre étonnement quand le bar est  vidé de ses derniers clients, l’accès scellé par du scotch jaune « scène de crime ». Alors que les hommes partent en Jeepney de police à la recherche des supposés voleurs, Anaïs et Marie visitent les locaux du commissariat et discutent joyeusement avec les officiers. Un excès de zèle qui ne donnera rien mais une expérience que nous n’oublierons pas.

Anaïs et Fred filent vers les Visayas, nous avons du mal à nous dire au revoir tant les événements vécus ensemble nous ont rapprochés. Nous nous donnons donc rendez vous dans 2 semaines à Manille avant leur retour en France.

Notre court séjour à Baguio nous permet de renouveler nos visas, de faire un peu de shopping et d’acheter un nouveau téléphone.

Nous voilà de retour à Sagada, cette faille temporelle où nous passons encore 2 semaines entre randonnées, rencontres, moments privilégiés avec la famille de Jerry. Nous retenons surtout les belles journées ensoleillés à se promener entre les différents points de vues, les rencontres toutes aussi différentes qu’enrichissantes, notamment Alibaba le prof de Français à Phnom Penh, Patrick l’Allemand, Andréa l’Italien et ses bons conseils culinaires, Marc et Eloïse un couple improbable qui s’est formé à Sagada , Guillaume et Morgane de Lille et tant d’autres..

Nous décidons tout de même de mettre le cap sur Mindoro, l’île au sud de Luzon sans oublier notre rendez vous avec Anaïs et Fred à Manille.

Les plages de la côte sont superbes, l’eau cristalline, le sable fin et le soleil au rendez vous. Néanmoins, il y est difficile de trouver un coin exempt de tourisme sexuel.

Par un beau matin Marie reçoit l’appel tant redouté, sa grand-mère Simone s’est éteinte dans la nuit. La décision est prise, Marie rentre à Paris pour quelques jours. Greg décide de retourner dans nos chères montagnes, là où nous sommes si bien en attendant son retour. Quelques jours plus tard nous nous retrouvons et décidons de passer nos 2 dernières semaines aux Philippines à Sagada. Ici nous sommes comme en famille, il n’y a pas meilleur endroit pour se ressourcer après les évènements passés. Les invitations se succèdent, nous sommes conviés à la communion de Sawad, une cérémonie importante pour la communauté qui se poursuit par un grand pique-nique dans le parc de l’église. Le lendemain nous assistons à la remise des diplômes de fin d’année. Nous partageons également une soirée avec le pasteur Jun, sa femme Sandra et leurs enfants qui ont quittés le Canada pour s’installés à Sagada.

Les jours défilent, il est déjà temps pour nous de partir… Direction Bali pour de nouvelles aventures !