Coco home : nous ne l’avions pas encore mentionné mais c’est une des raisons de notre retour à Nong khiaw. Un restaurant tenu d’une main de maître par Jok, laotienne mariée à Sebastian, suisse installé au Laos depuis 4 ans. L’accueil y est très chaleureux, on ressent vite la cohésion de l’équipe et leur joie de travailler ensemble. Aux fourneaux, des cuisinières se relaient quotidiennement, Lei et Pet s’occupent du service, chacun ayant souvent un autre petit boulot en parallèle. Lei par exemple, travaille le matin dans une office du village, donne des cours de xylophone à l’école primaire entre midi et deux, exclusivement aux filles, et finit ensuite sa journée au restaurant. Il est également chanteur guitariste accompli et a participé à la Nouvelle Star version laotienne. Jok, qui fut chef pendant 2 ans dans un hôtel renommé de Luang Prabang, cuisine sûrement les meilleures recettes du village, et Sebastian qui parle on ne sait plus combien de langues, porte toute son attention à sa clientèle pour qu’elle passe un agréable moment. Au moment de leurs repas, qu’ils prennent ensemble autour d’un vieux billard recouvert d’un drap, nous sommes toujours invités à gouter les différentes spécialités locales que prépare Jok: escargots de la rivière, soupe de bambou, peau de poulet, saucisses locales, canard bouilli ... Nous apprenons énormément auprès d’eux sur la culture, les coutumes et les activités locales. Le Coco home est devenu notre cantine, nous y mangeons tous les jours et avons testé la quasi totalité de la courte carte de plats proposés, signe de fraîcheur et de qualité.

Nous vivons ici au rythme du village qui s’agite dès l’aube et il est marrant de constater à quel point on prend vite des habitudes lorsque l’on s’installe durablement dans un lieu. Les pics d’animation sont marqués par les allers et venus des écoliers le long de la rue principale à 8h, midi et 16h. Nous les croisons lorsque nous allons au Delilhas, une auberge de jeunesse qui sert les meilleurs petit-déjeuners de Nong khiaw. C’est aussi le moment où les quelques touristes présents partent pour les excursions qu’ils ont réussi à négocier la veille. Entre les entrées et sorties de classes, la petite bourgade retrouve son calme de campagne. Tous les jours, au moment du déjeuner, Marie joue et dessine avec la fille d’une des employés de Mr Mang.

C’est par un dimanche ensoleillé que Sebastian nous emmène sur le terrain de boules local avec son ami Someet, la pétanque est un sport national au Laos mais ici les règles du jeu sont quelque peu différentes. Le but est bien sûr de gagner mais surtout de boire ! Chaque coup est une excuse pour parier avec l’équipe adverse un verre cul sec de bière rafraîchie aux glaçons. A chaque descente il faut dire : Attapu ! Chaque niveau de bière dans le verre correspondant à une ville du pays et Attapu, qui est la plus au sud et donc la plus éloignée, signifie le fond du verre. En guise d’amuse-gueules, une assiette de grillons fris accompagnés de feuilles de jeunes pamplemoussiers et piments, nous est gracieusement offerte. Déterminés dans un premier temps à ne pas toucher aux bestioles et l’alcool aidant, nous décidons finalement d’y succomber. Cela s’apparente à des Curly avec un goût de friture très prononcé qui se marie harmonieusement avec celui des feuilles. En amateur, nous terminons les parties ex aequo contre l’équipe lao-suisse. Un soir, nous serons invités à une partie de poker avec les membres d’une ONG venus pour un projet de construction d’école. Aucun d’eux ne sachant vraiment jouer, nous finissons second et troisième derrière Sebastian, le boss, un pro des casinos. Il nous fera également jouer à la loterie locale, même si nous avons encore du mal à en comprendre le principe. Pour clore le chapitre des divertissements, nous suivrons l’équipe du Coco home au karaoké-discothèque du coin. Après un service complet, durant lequel le patron a pu compter sur ses employés, il les invitera à se détendre au rythme de la techno laotienne, mixée au hachoir. Une soirée encore une fois mémorable.

Aujourd’hui, le beau temps est de retour. Les cris des enfants résonnent à nouveau dans la vallée et l’on peut enfin apercevoir le sommet des montagnes qui avaient disparus dans les nuages pendant trois jours de pluie ininterrompue. Nous avons connus tous les climats à Nong Khiaw. La première semaine la chaleur était étouffante et le soleil brulant, mettant à mal nos organismes d’européens. A notre retour dans le village, nous fûmes surpris par la fraîcheur des nuits et dans la chambre une épaisse couverture remplaça les ventilateurs qui tournaient à plein régime la semaine précédente. Enfin, des averses tropicales qui imprégnèrent nos vêtements de l’odeur d’humidité qui les accompagnait. Fait très rare pour un mois de novembre, la saison des pluies étant terminée, ce n’est pas arrivé depuis plus de 60 ans. De nombreux agriculteurs ont été touchés car ce surplus d’eau a noyé et détruit les cultures de riz qui s’apprêtaient à être récoltées. Ces intempéries ont aussi mis un terme à notre projet de rejoindre Muang Ngoi, le petit village isolé accessible uniquement par bateau. L’escapade aurait été boueuse car les rue de la bourgade sont toutes faites de terre… et puis nous sommes si bien à Nong Khiaw !